PETITS  CONTES  SAVOUREUX

 

Une création du Théâtre JOB

 

 

Genèse d'un spectacle

 

Il y a de cela quelque temps, il a été permis à quelques-uns d'entre nous (comédiens de la compagnie) d'assister en tant que simples spectateurs à l'un des spectacles "jeune public" du Théâtre JOB, à savoir "Petit Contes à Croquer".  De par la volonté de l'animateur du lieu où se jouait le spectacle, le public n'était pas seulement constitué d'enfants :  étaient également présents dans la salle, des "anciens" (venus de clubs du 3e âge ou autres structures du même genre). Jamais,  nous n'avions  vu un public aussi heureux de se retrouver ensemble..

 

Il va de soi que la "chose" nous a interpellés  et qu'il nous a semblé important de pouvoir proposer (création en ce sens) un spectacle qui puisse s'adresser à des "publics" que rien - à priori - ne pouvait réunir..

L'idée de "Petits Contes Savoureux" voyait ainsi le jour.

Georges Berdot (l'auteur de la troupe) s'est tout aussitôt mis au travail : Il a repris les personnages de "Petits Contes à Croquer" (deux lavandières se racontent et se jouent des histoires) et a puisé la thématique du spectacle dans les contes sur  le bien-manger du Sud-Ouest (recueillis en son temps par le poète et photographe landais Félix Arnaudin, mort en 1921). 

 

Le spectacle sera volontairement léger : d'une durée d'une cinquantaine de minutes, il pourra être joué dans les lieux les plus divers (bibliothèques, salles de réunion, extérieur, etc.) et il n'imposera aucune contrainte technique particulière. De plus, l'un des "contes" pourrait faire référence - anecdotes en ce sens - au lieu où le spectacle est joué ou bien encore à la thématique de la manifestation dans laquelle il s'inscrit.

Seule contrainte : il nécessite la proximité du public (lequel ne doit pas excéder une centaine de personnes, car  il est indispensable que le spectacle  garde son côté convivial).

Bref (n'ayons pas peur des mots), un spectacle intergénérationnel (où tout-petits et très-grands peuvent partager un moment de convivialité, se rencontrer) s'appuyant sur les acquis culturels de notre terroir. 

"Petits Contes Savoureux" répond donc à une véritable intention "politique" de notre part (il n'a été créé que dans une idée de partage) et se trouve proposé à un "prix" attractif (on veut pouvoir le jouer en dehors de toute contingence financière et permettre ainsi à toute structure de ne se déterminer que sur le seul intérêt culturel de notre démarche).

 

Georges Barax

En savoir plus sur Félix Arnaudin 

Sa famille, de petits propriétaires terriens, se fixe à Labouheyre, dans le quartier de Monge, où il va naître (1844) et mourir soixante-dix-sept ans plus tard (1921). Il étudie au collège de Mont-de-Marsan. Diplômé, de retour à Labouheyre, il ne trouve dans son milieu aucun emploi en relation avec son niveau et ses aspirations. Vivant du revenu de quelques métairies, Félix Arnaudin n’occupe aucun emploi durablement. À l’âge de trente ans, célibataire, il décide de se consacrer entièrement à sa passion : témoigner de la culture pastorale de la Haute-Lande, que les changements économiques font disparaître inexorablement (voir note en bas de page)

En 1887, Félix Arnaudin écrivait :

"Depuis plusieurs  années,  j'occupe  mes  loisirs  à  recueillir  les  restes  de  la  littérature  orale  des  huit  ou dix cantons que forment la Grande-Lande, le Born et les parties du Marensin et des Petites Landes 

qui en sont voisines : contes,  légendes et superstitions, chants, proverbes et formulettes  enfantines,  jusqu'aux  simples  devinettes,  j'ai  tout  collectionné  avec  un  soin  égal, assistant aux veillées des fileuses, aux noces, aux batteries, aux égrenages, errant de lande en lande à la poursuite des vieux pâtres,  questionnant,  ajoutant  chaque  jour  quelque  épi  à  la  gerbe"..

Passant pour un original auprès de ses concitoyens, il est surnommé Lou Pèc (le fou, en gascon).

Porté par l'amour de son pays, il adopte dans le même temps une démarche rationnelle et scientifique pour ses recherches. Il parcourt ainsi le pays de part en part, souvent à bicyclette, pour en interroger les habitants, à l'aide de questionnaires. Il met la même application et rigueur à la réalisation de fiches d'enquêtes et de répertoires photographiques.

Il réalise en pionnier une description par la photographie de la Haute-Lande et de ses aspects remarquables. Le résultat en est une œuvre unique par son ampleur (2 700 plaques de verre, conservées au Musée d'Aquitaine de Bordeaux) et sa diversité, à travers laquelle il se révèle un grand opérateur artistique et un observateur rigoureux.

Il s'attache principalement à collecter l'ensemble du fond culturel de la « lande landaise » par le recueil de contes, proverbes, chants, mots de la langue gasconne, notes sur l'histoire, l'archéologie et l'écologie de ce territoire.

Mais ce travail considérable ne sera pas reconnu de son temps. Il ne réussit à publier de son vivant que quelques fragments de cette œuvre titanesque.

Le 30 janvier 1921, soit quelques mois avant sa mort, il écrit les lignes suivantes : "Dans ma pauvre vie de rêveur sauvage, toutefois anxieux de notre passé local, je n'ai guère reçu d'encouragements ; l'indifférence et les railleries, un peu de tous côtés, en ont volontiers pris la place "

On ne s'intéressera à lui (et par là-même à publier ses travaux tant de "collecteur" que de photographe) qu'à compter de 1960. Son œuvre est à ce jour unanimement reconnu.

Note : Il faut savoir que les landes, telles que nous les connaissons à ce jour, n'avaient rien de commun avec celles antérieures à 1857. Cette année-là, une loi est mise en vigueur sur la mise en valeur des Landes de Gascogne, qui incite les communes à vendre et à ensemencer les terrains communaux. La région, en grande partie vouée à la culture pastorale (elle accueillait alors plus de 600 000 ovins), change d'économie et devient une terre sylvicole..